Devenir professeur de Yoga : la formation initiale 200h est-elle suffisante ?

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C’est une question qui revient très souvent, un sujet controversé qui relève du véritable débat. Un débat de passionnés en fait, qui ne devrait pas faire polémique. 

On entend souvent les anciens du Yoga nous dire « va enseigner quelques années et reviens plus tard », « c’est beaucoup trop tôt » avant de continuer à te former. 

Et des élèves qui me disent « du coup tu insinues qu’avec un 200h je ne serai pas un bon prof de Yoga ? » On m’a aussi dit « ma prof m’a donné mon diplôme et pourtant elle me disait pas assez expérimentée pour enseigner et elle ne m’a donc pas autorisé à enseigner dans son studio » Euuhhh what ? Bah du coup pourquoi elle t’a donné un diplôme alors ? Parce que tu as payé ? 

Je comprends bien que c’est « confusant ». Et même hyper blessant. 

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J’aime faire ce parallèle avec l’apprentissage d’une langue étrangère

Tu peux passer un L3 sans être trop parti à l’étranger, enseigner de manière scolaire et parler anglais avec ton vieux correspondant ou, faire des programmes d’échange, suivre des TEDX, regarder tes séries en anglais, reprendre des cours, repartir en immersion, prendre des formations d’anglais professionnel autour de ta spécialité … Entretenir la flamme et l’attiser chez tes élèves. 

Je crois sincèrement qu’on n’est jamais parfaitement bilingue quand ce n’est pas notre langue maternelle (et parfois même quand ça l’est)

J’avais fait l’expérience de reprendre des cours d’anglais 10 ans après la fac, (l’anglais était à l’époque, ma langue « quotidienne », au bureau, en déplacement, à l’écrit, je vivais 16h / 24 en anglais). Déjà, j’ai pris un sacré coup dans l’égo, on est allé beaucoup plus loin dans des subtilités que j’aurais eu énormément de mal à découvrir par moi même, mais surtout, j’ai appris énormément, encore et encore. J’ai gagné en fluidité dans les échanges écrits et verbaux. J’étais encore plus sure de moi et j’avais drôlement étoffé mon vocabulaire. « Ça te sert à rien à ton niveau » Bah si en fait, je travaille dans un milieu très technique (l’horlogerie) avec des clients et des fournisseurs étrangers, je ne peux pas passer à côté d’une info essentielle ou mal me faire comprendre.

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Il y a aussi ce paradigme de « rouler sa bosse » tout seul dans le Yoga

Et pourtant, si on en croit les écrits, les enseignements se reçoivent par le maître, constamment. 

Imagine toi, démarrer et maitriser la première série d’Ashtanga dans ton coin, sans avoir compris la logique, les engagements dans les postures, sans n’avoir jamais été ajusté, encouragé, freiné (au besoin) et puis d’enchainer, la fleur au fusil sur la deuxième série. Impossible

En tant que client, irais-tu chez un coiffeur qui n’a pas fait de formation depuis 1970 ? Qui ne s’est pas mis au point sur les techniques de coloration et qui risque de te faire une coupe mulet (quoi que ça redevient à la mode), au bout d’un moment, non merci. 

Ne rêvons pas non plus, toutes les rockstars du Yoga que l’on connait (pas forcément des stars de l’instagram, hein) ont cumulé des heures et des heures (pour certains des milliers) de formation. On peut regarder n’importe quel site web des « grands noms du Yoga », ils sont tous passés par telle ou telle école auprès de tel ou tel maitre, et les lignes s’amoncellent sur leur CV, tel un enseignant chercheur qui relate ses publications. 

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Bon, et quand on n’est pas une rockstar, comment ça se passe ?

Lorsqu’on débute et qu’on n’a pas forcément bénéficié d’un plan de licenciement ou d’un héritage, qu’on n’a pas de réelle stratégie d’enseignement, voire même pas beaucoup de créneaux d’enseignement possibles, c’est financièrement impossible de continuer à se former. 

Il faut le dire, le meilleur moyen, alors, c’est de continuer, dans la mesure du possible, à prendre (à minima) des cours avec d’autres profs et de pouvoir prendre des notes fraiches à la fin. Certains studios proposent des remises aux professeurs de Yoga et d’autres offrent les cours à leur équipe. C’est déjà beaucoup. Il est aussi vrai que quand j’ai la chance de prendre des cours avec d’autres profs, j’ai juste envie de kiffer l’instant et de ne pas m’arrêter toutes les 30 secondes pour prendre des notes, me refaire mille fois le cours pour essayer d’en « tirer »  quelque chose professionnellement. J’ai aussi besoin de pratiquer sans but. 

Pendant 2 ans et demi, j’ai enseigné sans un 300h complémentaire à mon 200h initial

Nous étions dans une période Covid, et la seule solution était de me former en ligne, (j’ai réalisé mon premier 200h 100% online, à cause du covid, ce n’était pas le plan initial et clairement, ça m’a vaccinée).

Et pourtant, impossible de résister, le marketing des formations en ligne est HYPER bien construit et ciblé et on finit par acheter. Moi la première. 

J’ai besoin d’apprendre, de me nourrir d’autres profs. Je ressentais profondément le besoin d’aller plus loin. 

Je manquais cruellement d’inspiration dans la création de mes séquences, mes connaissances en anatomie et en philosophie étaient proches de zéro. 

Sans parler de la stagnation totale dans ma pratique. J’ai donc, par manque de confiance, « consommé » des modules additionnels à droite et à gauche. Mais attention là dessus : souvent on les démarre, et on les termine rarement. En tant que prof de Yoga, on est déjà seuls la majeure partie du temps, tout nous demande une structure alors si on se rajoute une formation sans deadline ni cadre horaire, parfois c’est la débandade. Donc, pas bon non plus pour le porte monnaie puisqu’on a dépensé pour finalement pas grand chose. (Ça sent le vécu n’est ce pas ?)

 

Si j’avais su. J’aurais attendu patiemment de trouver le bon chemin de formation qui est le mien.

De rencontrer le prof d’abord, de pratiquer plusieurs fois avec lui. 

J’ai suivi un premier module de 50h de Power Yoga avec David Bonneville qui a littéralement changé ma façon d’enseigner, m’a rendue plus pédagogue, mes séances sont beaucoup mieux construites et plus logiques. 

J’ai ensuite rencontré Patricia Ramos et Mélanie Granier chez Calm Yoga à Cannes. Aucunement star de l’Instagram, j’ai simplement poussé la porte du studio et la magie a immédiatement opéré. Cela a été une évidence. Ces deux profs là allaient transformer mon enseignement. J’ai donc démarré une formation 300h sur 3 ans, 100% en présentiel avec du temps entre chaque module. Cela me permet d’intégrer les enseignements, de transmettre petit à petit mais aussi, d’étaler les paiements.

Cour de formation Yoga 200h à Lyon

Je retiens d’une formation 300h :

  • Le suivi dans le temps
  • La continuité
  • La cohérence dans le programme
  • Ma progression, mais surtout, celle de mes élèves.

Je sais que désormais, je leur apporte tellement plus qu’un simple enchainement d’asanas. J’incarne pleinement mon rôle de professeur. 

Mais, est ce bien rentable ?

C’est un véritable calcul à faire : combien de cours à 20€ vais-je devoir vendre pour rentabiliser une formation à 450€ ? Mais, combien cette formation est-elle susceptible de me rapporter ? Combien d’élèves vais-je gagner grâce à ma nouvelle spécialité ? Quel serait le coût de ne pas le faire ? 

Aujourd’hui, la formation est un budget important dans mon métier. Une ligne lui est d’ailleurs attribuée chaque mois dans mon plan de trésorerie. Car oui, le Yoga c’est ma façon de gagner ma vie. Et je suis presque déprimée de savoir que je n’aurai pas assez de cette incarnation pour en faire le tour. 

Préparation cour de Yoga formation 200h à Lyon

Bon, si je dois résumer cet article en quelques points :

  • La formation continue, c’est avant tout un sujet de personnalité, de besoin, et ensuite de financement. Disons-le, nous avons de la chance d’être en France et d’avoir un PAQUET d’organismes financeurs (l’un des seuls avantage d’être indépendant d’ailleurs) qui peuvent financer plusieurs milliers d’euros de formation par an pour une cotisation ne dépassant pas, parfois les 15€ par an (je parle notamment du FIFPL ou de l’Agefice), à condition que le centre de formation soit certifié Qualiopi.
  • Ce serait trop hypocrite de ma part de dire qu’un 200h n’est pas suffisant. C’est archi suffisant pour se lancer, pour avoir des créneaux récurrents en studio ou en ligne d’ailleurs. Pour démarrer son expérience. On acquiert les bases (et de sacrées bonnes bases en fonction de l’école qui nous a formée). Je pratique avec des profs qui n’ont qu’un 200h et qui sont excellents, pédagogues, qui m’embarquent et c’est mission accomplie. Comme je le disais précédemment, j’ai enseigné un bon moment avec « juste » mon 200h et j’ai encore aujourd’hui les mêmes élèves qu’au premier jour. 
  • Il est difficile de trouver du contenu gratuit de qualité qui permette de creuser un sujet qui nous tient à coeur (l’anatomie, les pranayamas, le sequencing), on perd souvent du temps à chercher, pour peu récolter. 
  • Pour MA personnalité, j’ai très vite stagné. C’était trop peu pour aller plus loin. Pour réellement intégrer le Yoga à mon mode de vie, pour continuer à transmettre, à garder la flamme. 
  • Un 300h c’est un gros morceau : physique, organisationnel et financier, il faut être prêt, le vouloir vraiment et avoir trouvé les professeurs qui nous inspirent (quand on a trouvé ça, crois moi, le reste suit, les planètes s’alignent) 
  • Si l’idée d’un 300h t’hirsute, que tu n’y vois que des inconvénients, que c’est déjà en train d’alourdir ta charge mentale et d’alléger ton porte monnaie, c’est surtout parce que ce n’est pas encore le moment. Si au contraire, cela te donne le smile jusqu’aux oreilles, c’est que tu es au bon endroit et tu trouveras le temps, le financement et l’organisation propice. 
  • La formation continue reste valable pour nous professeurs de Yoga, comme tout autre corps de métier. 

 

En conclusion : tout dépend de ce que tu veux faire de ta formation initiale, (enseigner à temps plein, en vivre, améliorer ta pratique perso ?) de ton niveau de passion, de ta soif d’apprendre, de ta personnalité, du besoin de rester « à la page ». Un enseignant se doit de rester élève toute sa vie. 

Si tu souhaites en savoir plus sur notre 200h à la Ginkgo Académie, n’hésite pas à télécharger notre brochure 200h !

J’espère que cet article et ce récit d’expérience t’auront plu. Si tu souhaites lire un autre article sur les formations, va faire un tour sur notre blog !

Perrine.